LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS À L’ENVIRONNEMENT

Le développement, et l’industrialisation en particulier, ont contribué
LES RISQUES POUR LA SANTÉ LIÉS À L’ENVIRONNEMENT

considérablement à la santé, y compris en facilitant l’épanouissement personnel et social, ainsi qu’en améliorant sensiblement les services sanitaires et éducatifs, les transports et les communications.

Il ne fait aucun doute qu’à l’échelle mondiale les gens vivent plus longtemps et en meilleure santé que dans les siècles ou même les décennies passés. Cependant, l’industrialisation a aussi des retombées négatives sur la santé, non seulement de la main-d’oeuvre, mais aussi de la population en général. Ces effets sont attribuables soit directement à l’existence de problèmes de sécurité et d’agents nocifs, soit indirectement à une dégradation de l’environnement au niveau local et planétaire (voir l’article «La pollution industrielle dans les pays en développement» dans le présent chapitre).

Cet article décrit la nature des risques pour la santé liés à l’environnement et les raisons pour lesquelles on fait le lien entre
la santé en relation avec l’environnement (dite santé environnementale) et la santé au travail.
Qu’ils soient attribuables à l’environnement ou au travail, lesrisques sanitaires peuvent être d’ordre biologique, chimique, physique,
biomécanique ou psychosocial. Dans les risques pour la santé liés à l’environnement, on range les risques classiques créés par de mauvaises conditions d’hygiène et de logement, ainsi que la pollution agricole et industrielle de l’air, de l’eau, des aliments et des sols. Ces risques s’accompagnent de multiples incidences sur la santé, allant de catastrophes qui en découlent directement (comme l’épidémie de choléra en 1991 en Amérique latine et les nombreux cas d’intoxication d’origine chimique à Bhopal, en Inde) à des effets chroniques (comme à Minamata, au Japon), ou bien à des effets subtils, indirects, voire contestés (par exemple, à Love Canal, aux Etats-Unis). Le tableau 53.1 est un résumé de quelques grandes catastrophes notoires survenues pendant la deuxième moitié du siècle dernier et qui ont provoqué une éclosion de «maladies environnementales». Il existe indéniablement une foule d’autres exemples de flambées de maladies, dont certaines ne sont pas faciles à détecter au niveau macrostatistique.
Pendant ce temps, plus d’un milliard de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’eau potable (OMS, 1992c) et plus de six cents millions d’individus vivent dans des milieux dont la teneur en dioxyde de soufre dépasse largement les niveaux recommandés.
En outre, les pressions qui s’exercent sur l’agriculture et sur la production alimentaire en raison de l’augmentation de la population et de la demande par habitant vont probablement mettre davantage l’environnement à rude épreuve (voir l’article «L’alimentation et l’agriculture» dans le présent chapitre). Les conséquences de la qualité de l’environnement sur la santé englobentdonc les effets indirects d’une dégradation par l’industrie des conditions d’alimentation et de logement, et une détérioration des systèmes mondiaux dont dépend la santé de la planète.
Dans beaucoup de pays, l’agriculture intensive et, parallèlement, l’emploi massif de pesticides toxiques portent gravement atteinte à la santé des travailleurs et de leur famille. La pollution par les engrais ou par les déchets biologiques des industries alimentaire, papetière et autres peut également avoir des effets nocifs sur les cours d’eau, en réduisant les prises de poissons et autres organismes destinés à l’alimentation. Les pêcheurs et les récolteurs d’autres produits de la mer doivent parfois aller beaucoup plus loin pour effectuer leurs prises quotidiennes et courent de la sorte des risques accrus de noyade et autres types d’accidents. La propagation de maladies tropicales du fait des mutations écologiques liées à des activités comme la construction de barrages ou de routes constitue un autre type de risques pour la santé environnementale.
Un nouveau barrage peut créer des zones de reproduction pour la schistosomiase, maladie débilitante qui touche les riziculteurs travaillant les pieds dans l’eau. La construction d’une nouvelle route peut accélérer la communication entre une région où le paludisme est endémique et une autre jusque-là épargnée par cette maladie.
Il faut souligner que la principale cause d’un environnement nocif au travail ou en général est la pauvreté. Les menaces classiques qui pèsent sur la santé dans les pays en développement ou dans les secteurs démunis de n’importe quel pays comprennent une mauvaise qualité des installations sanitaires, de l’eau et des aliments, propice à la transmission de maladies, de piètres logements qui sont très exposés à la fumée de cuisson et à des risques d’incendie, ainsi que des risques d’accident importants dans les petites exploitations agricoles, et dans l’industrie à domicile.
La réduction de la pauvreté et l’amélioration des conditions de vie et de travail sont essentielles à une amélioration de la santé au travail et de la santé environnementale pour des milliards de personnes. En dépit des efforts déployés en faveur des économies d’énergie et du développement durable, l’incapacité de s’attaquer à la répartition inéquitable sous-jacente de la richesse menace l’écosystème planétaire. Les forêts, par exemple, qui représentent l’aboutissement du cycle écologique, sont détruites à un rythme alarmant, à cause de l’abattage et du défrichement commerciaux que pratiquent des populations appauvries pour cultiver et se procurer du bois de feu. Le déboisement cause, entre autres, une érosion des sols qui, si elle est extrême, peut conduire à la désertification.
La diminution de la biodiversité est une conséquence importante (voir l’article «L’extinction d’espèces, la diminution de la biodiversité et la santé humaine» dans le présent chapitre). On estime qu’un tiers des émanations de dioxyde de carbone proviennent du brûlage de forêts tropicales (le rôle des ces émanations dans le réchauffement de la planète est analysé dans l’article intitulé «Le changement climatique à l’échelle planétaire et l’appauvrissement en ozone» dans ce même chapitre). Lorsqu’on s’intéresse à la santé environnementale à l’échelle de notre planète, il est donc impératif de s’attaquer à la pauvreté autant qu’au bien-être des individus, des populations locales, voire de régions tout entières.

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